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8 avril 2016 5 08 /04 /avril /2016 19:04

Il m’est souvent venu à l’esprit de croire que la démocratie ne restera qu’un mot, malgré toute la peine qu’on s’est donné de l’adopter. Dépourvu de tout son sens, beaucoup d’individus utilisent soit pour justifier leurs actes les plus ignobles qu’ils soient, que ceux-ci considèrent comme service rendu à la Nation ; soit pour réclamer un brin de liberté lorsque tout semble obscure à leur égard. Cet état de chose alarme une portion très réduite du peuple qui n’a que pour arme, leur courage, leur intelligence et parfois leur force pour se défendre. Quant aux autres, c’est-à-dire, l’autre portion de la population qui s’éveille au son des intérêts privés sans pour autant comprendre grande chose et s’éteigne comme une lumière ou comme les vagues de la mère morte lorsque tout fut gagné à leur dos, ils sont indifférents à toute agitation de quelque nature que ce soit, et ce, de n’importe qui dès lors que leurs intérêts privés ne sont pas menacés et que leur niveau intellectuel n’est pas au rendez-vous sur l’échiquier national pour comprendre les mécanismes de la bonne gouvernance. A propos de ce dernier, c’est-à-dire la bonne gouvernance, il faut des préalables afin que, aussi bien les gouvernés que les gouvernants, puissent s’entendre pour réussir le pari du gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. Mais hélas, beaucoup de difficultés se font sentir aussi bien du côté des administrés que des administrateurs.

Premièrement, du côté des administrés, beaucoup de facteurs influent sur la relation qui les lie aux administrateurs. Ce qui devrait être les règles générales théoriques qui doivent guider la conduite des pauvres citoyens livrés à eux-mêmes sous la contrainte de la mondialisation pour assurer un développement harmonieux et durable, n’est plus à même de mériter tout son sens dans ce nouveau processus de la gestion du pouvoir étatique et local. Il s’agit bien des principes démocratiques dont la primeur tire son origine des indépendances. Comme son intellect et ses expériences au sein du pouvoir exécutif Béninois entre 2006 et 2013 lui ont permis d’appréhender le problème sous l’angle du suivisme, Pascal Irénée KOUPAKI , ex-premier Ministre d’Etat Béninois sous l’ère YAYISTE, a bien illustré, dans son petit livret bleu intitulé « Ce que je crois, une nouvelle conscience » présenté au public le 26 octobre 2013, le phénomène de la manière suivante : « Le besoin d’un souffle nouveau apparaît au lendemain de l’indépendance de notre pays. L’espoir et ce besoin vont être plombés par l’idéologie laïque dominante en Europe : la Démocratie ». Ainsi, la peur de remettre les actions de l’autre en cause dès que celles-ci ne suivent pas les principes démocratiques et les normes sociales c’est-à-dire les lois de la République qui régissent les rapports entre chaque citoyen Béninois fait resurgir un problème majeur dont la complexité fait rage des coins les plus reculés jusqu’au sommet de l’Etat Béninois. La peur du bó[1]comme l’a surnommé le Professeur Victor Prudent TOPANOU, ex-Ministre de la Justice sous l’ère YAYISTE constitue malheureusement un frein au développement du pays. La culture du bó[2] en lui-même est perçu comme l’un des leviers du développement au Bénin tout comme les Chinois avec le Bouddhisme, le Taoïsme et les Indous avec l’indouisme. Si les Chinois et les Indous ont réussi à bâtir une nation prospère avec leur culture propre à elle depuis les temps anciens, pourquoi pas donc mon cher, beau et adorable pays aux multiples couleurs culturelles et artistiques, le Bénin! Ce positivisme a aussi inspiré d’une part, les propos de Pascal Irénée KOUPAKI lorsqu’il déclare que : « Nous avons compris comment la démocratie et l’éthique du Christianisme ont conjugué leurs efforts pour mettre progressivement leurs vertus partagées à la portée de l’individu et du peuple européens. Cette conjugaison n’a pas été possible chez nous, sur notre terre. Le Christianisme a en effet éclipsé nos us et coutumes épars qui portaient notre âme et a réussi à imposer des valeurs du Bien et du Mal. Il n’était point question de vertus qui signifient « Force d’Âme ». Nous avons fait par ailleurs l’option de la démocratie, elle-même sans sa base éthique, construite sur les notions du Bien et du Mal. Ces deux notions sont insuffisantes pour construire un individu et le mettre debout par le travail et la production ». D’autre part, son optimisme l’amène à déduire que : «...toute vertu incarnée par un roi ou un Président reste et demeure son équation personnelle qui ne se répand pas à son entourage, au sens privé et au sens large. De même, toute action menée par ses mêmes responsables est frappée d’une pesanteur anthropologique et sociologique. Quelle est la nature de cette pesanteur qui empêche l’individu d’être debout pour le travail et la production ? (Source : « Ce que je crois, une nouvelle conscience » écris par Pascal Irénée KOUPAKI). Ainsi, cet héritage culturel qui devrait être un multiplicateur de développement pour le Bénin, se révèle être un frein nourris par la haine et la jalousie. La peur de corriger l’autre dans ses erreurs, de venir en aide à son prochain, de réclamer ce qui vous revient de droit ou même parfois d’accomplir ses devoirs vis-à-vis de la nation empêche l’application efficace des principes démocratiques. Mais aussi et surtout, ils inhibent les forces collectives avantageuses pour le développement et déclenche la panique au sein du peuple Béninois avec pour conséquences la méfiance et la pratique de la formule ‘’Chacun pour soi’’ comme à l’européenne dans un système capitaliste pur ou mieux encore, ‘’Chacun sauve sa tête’’. Le patriotisme est ébranlé et le/la patriote Béninois(e) snobe son (prochain) dans un esprit de ‘’TCHENABISME’’ pour espérer survivre parmi les siens et bâtir un avenir prospère à son goût et à sa manière.

Deuxièmement, du côté des administrateurs, la seule façon de sauver sa tête dans un contexte dominé par la haine et la jalousie induit par la peur du bó et le bó, est de maintenir la démocratie tout en lui donnant un sens propre à eux-mêmes. Pour finir, chacun définit donc la démocratie à sa façon et essaie de la vivre autant qu’il/elle le peut dans un monde dominé par la peur où les traditions ancestrales, bien qu’étant porteurs de valeurs morales et éthiques sûres, deviennent peu à peu un handicap pour le développement aussi bien de l’individu-citoyen que de sa patrie. Certes, beaucoup d’efforts ont été consentis pour mettre le Béninois debout par le travail et la production en donnant, dans notre société, une place importante à la démocratie, au Christianisme, à l’Islam, au Vodouisme avec leurs valeurs respectives. Mais de nos jours, un grand défi s’avère nécessaire, celui de concilier ses différents courants de pensées cités supra pour permettre au Béninois de redevenir le citoyen modèle, vertueux, généreux et patriote qu’il est, qu’il a toujours été et qu’il sera sans avoir peur de représailles inouïes dans une société en clin aux multiples secrets divinatoires. Une fois ce défi relevé, nous pouvons enfin nous regarder en face pour nous accepter tel que nous sommes c’est-à-dire,dans nos erreurs, faiblesses et dans nos forces. Le Bénin pourra alors avoir une seconde chance de sauver ses valeurs qui sont en déperdition pour se hisser au rang des meilleurs.

Ecris par Armel C. Y. MONTCHO

[1] Terme utilisé dans la langue Fon pour désigner les pratiquesreligieuses des adeptes du « VODOUN (religion traditionnelle Béninoise héritée des ancêtres et ayant pour but la sauvegarde et la pérennisation des valeurs morales d’antan» Source : Résultats de nos investigations

[2] Le thème « Culture du bó » désigne l’ensemble des actions destinées à valoriser ces pratiques »Source : Résultats de nos investigations

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